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Allons-nous manquer d'eau : une vision mondiale ?

Rencontres du 24 décembre, dans l'après-midi avec 4 classes de 25 étudiants de seconde du Lycée Voltaire et en soirée à la Médiathèque d'Orléans.

Intervenants : Jean Margat (Expert international de l'eau) et Mohamed Benblidia (Ancien Directeur de l'hydraulique en Algérie et Président honoraire de l'Institut méditerranéen de l'eau).

 

Alors que les médias évoquent souvent la crise mondiale de l'eau et les risques de manquer d'eau, qu'en est-il en fait ? En premier lieu, il faut savoir que l'eau est indestructible. Ses différents usages ne font que la changer de position, d'état et de qualité, que le cycle de l'eau, est planétaire et perpétuel, et que l'eau ne fait que se régénérer, un phénomène transposable aux temps géologiques. Il y avait autant d'eau sur terre du temps de l'homme de Néanderthal comme de temps plus anciens. Pour tous les usages, l'humanité n'utilise toutefois que moins de 10% des flux d'eau douce qui circulent sur tous les continents, soit environ 4 000 km3/an sur un total de 45 000.

 

Cette pérennité à travers le temps ne doit pas masquer les situations réelles qui sont celles des inégalités : ni les ressources, ni les besoins ne sont répartis uniformément et de façon constante dans le monde. Soulignons en particulier que 2,5% seulement des ressources sont liées aux zones arides, soit 30% des terres émergées où vivent 20% de la population, celle qui a justement le plus besoin d'eau pour l'irrigation, domaine qui concerne environ les deux tiers de la consommation mondiale d'eau. C'est le cas pour une bonne partie des régions méditerranéennes. Les ressources par pays sont donc aussi très inégales et varient entre 500 et plus de 100 000 m3/an par habitant. Pour la France, on parle de 3 000 m3/an actuellement.

 

Bien qu'on ne puisse considérer une "crise mondiale de l'eau", car les problèmes d'approvisionnement en eau ne sont pas globaux mais le plus souvent locaux, il y a néanmoins deux sortes de situations critiques actuelles et réelles. La première correspond à une situation de pénurie d'eau dans des régions pauvres en ressources et à fortes demandes, essentiellement en zone aride où paradoxalement les populations et les besoins en eau croissent plus vite que dans le reste du monde. Les pays concernés sont presque tous les pays arabes, Israël, et plusieurs régions de Chine, Inde, nord du Mexique et sud-ouest des États-Unis. Trois indicateurs peuvent ici être pris en compte : l'indice d'exploitation, le volume annuel de ressources en eau par habitant et le degré d'indépendance.

 

La seconde situation critique est le manque d'accès à l'eau potable qui affecte toujours au moins un milliard de personnes (chiffre toujours cité, sans décroître depuis 15 ans !), mais qui est sans relation avec la rareté ou le manque de ressources. La plus grande partie concerne des villes et villages situés en zone tropicale humide, où les ressources en eau sont abondantes et peu utilisées, en Afrique principalement.

 

Face aux pénuries d'eau, trois groupes de solutions peuvent être envisagés :

 

Les économies d'eau par gestion des demandes. Il existe encore trop de gaspillages et de faible efficience des utilisations (en irrigation surtout, d'où l'intérêt du goutte à goutte). Il faut bien gérer les infrastructures d'eau ; dans certains cas 50% de l'eau est perdue avant d'arriver à destination ; les pertes peuvent atteindre 30 à 40% dans les villes, du fait de l'ancienneté des réseaux ; il faut aussi prendre en compte l'envasement des barrages ou les pollutions, sans oublier les effets du changement climatique ;

Un recours accru aux ressources "non conventionnelles" : réutilisation des eaux urbaines et des eaux de drainage ; dessalement de l'eau de mer ou de certaines nappes souterraines ;

Le pompage de ressources non renouvelables n'est qu'une solution temporaire, pratiquée dans certains pays (Libye, Arabie Saoudite, Algérie, Tunisie...) ; temporaire, car il s'agit de pomper dans des nappes profondes dont le temps de recharge se chiffre couramment en milliers d'années et qui ne sont, de ce fait, exploitables que durant un nombre d'années limité.

On soulignera que l'usage d'"Eau virtuelle" ne peut être mis en parallèle des solutions évoquées ci-dessus, mais que cet usage reste très important pour de nombreux pays. Les pays importateurs de céréales ou de viandes utilisent indirectement l'eau des pays exportateurs, celle que ceux-ci ont consommée pour leurs cultures et élevages. Les flux calculés d'eau virtuelle représentent à présent environ 1/3 des quantités d'eau utilisées dans le monde. En 2011, la France a importé 78 km3/an d'eau virtuelle, soit plus du double de sa demande d'eau réelle (33 km3/an).

 

 

 

 

Mardi, 24 Novembre, 2015